L’homme est un sujet sur lequel des philosophes ont énormément écrit, depuis la plus haute antiquité. Le fait d’être un être humain et le rôle que nous devons jouer dans le cosmos a été interprété de diverses manières par diverses sociétés. Sauf la Rome antique, qui était une société très politique et peu spirituelle, toutes les sociétés antiques partageaient le point de vue que l’homme était avant tout un être spirituel qui devait se développer de l’intérieur. Pour ces sociétés, l’humain faisait partie intégrante de la nature et son bien-être devait concorder avec celle de cette dernière. Ce faisant, avec l’avènement de la modernité qui introduira le culte du tout économique, la vision de l’homme et de son rôle dans le cosmos a changé. L’humain ne se définit plus d’un point de vue cosmo centré, mais égocentré. L’humain ne cherche plus à trouver son rythme intérieur afin de s’harmoniser avec le cosmos, mais il se définit comme maître et possesseur de la nature selon la célèbre formule de René Descartes.
Pour l’homme moderne, il est inutile de chercher qui on est, nous sommes tous égaux et nous naissons avec des droits inhérents. Il suffit d’être un être humain. L’être humain né dans cette modernité est donc un être qu’on peut uniformiser, à l’image des machines qu’il crée et qu’il divinise pour simplifier son quotidien. L’humain depuis la modernité par l’égalitarisme s’est refusé le droit à la différence et s’est lui-même imposé une vue quantitative. Il est désormais avant tout un animal économique, qui se définit juste à travers la rationalité. Il a rejeté la tutelle de l’Église et des anciens, créant ainsi un autre dieu, le mental, ce qui a renforcé son ego, l’amenant à l’individualisme, puis à l’égalitarisme, qui l’a mené à l’universalisme. L’homme au sens de la modernité se définit donc à travers sa valeur économique, par sa capacité de créer de la matière en se servant de la nature et par la capacité de penser qui le différencie des autres êtres de la nature. C’est d’ailleurs ce que pense l’un des illustres penseurs de cette modernité qui est René Descartes avec son célèbre : ‹‹ je pense donc je suis › ›.
Mais une chose apparaît à l’homme moderne le plus attentif : il se définit uniquement par la raison et par sa valeur économique. Ce faisant, possède-t-il vraiment la pensée? Si la modernité représente le plus haut degré de développement de l’humanité, avec ses principes fondateurs que sont l’égalité, la liberté, la fraternité et l’universalisme, pourquoi les hommes se distinguent-ils par leur talent ? Pourquoi y a-t-il tant d’occasions de décadence ? Cela nous amène à poser une autre question : l’horizon indépassable de la modernité, qui est la rationalité et la capacité de produire de la matière en quantité, ne doivent-ils pas être remis en cause ?
“Je pense donc je suis” disait René Descartes, c’est d’ailleurs par cette phrase que la rationalité a été sacralisée et admise comme point de départ et finitude de tout. L’homme est homme, car il se libère du carcan de l’église et des croyances en un être supérieur par la raison. Par la raison, il peut tout accomplir, mais comment fait-on pour prendre conscience du « je » qui exprime une prise de conscience d’un objet ? Nous répondons par la pensée. Par conséquent, si nous pouvons prendre conscience du « je » par la pensée, le « Je pense, donc je suis » de René Descartes est une énorme foutaise. Pour savoir qui je suis, il faut que je me voie penser ; c’est en pensant que je peux arriver à cette conclusion. Ce n’est pas le « je pense » qui induit le « je suis ». Il n’y a pas de liens, non seulement parce que le postulat de départ est faux, mais aussi parce qu’être, c’est plus que simplement utiliser son cerveau. Être, c’est un ensemble composé d’émotions, du visible et de l’invisible. Exister n’est pas un processus figé ; au contraire, l’être se construit et se mérite. La rationalité n’est qu’une fonction inférieure qu’utilise l’être humain dans ce processus, sans cesse en mouvement.
Après avoir rejeté les dogmes de l’Église, l’humain a créé de nouveaux dieux à travers la science et tous les produits qu’elle fabrique. Il s’est donc imposé comme limite la production abondante de marchandises toujours plus performantes les unes que les autres. Par l’égalitarisme, il a uniformisé tous les êtres humains, ce qui a permis à la science et à l’économie, par les abstractions statistiques, de faire des prévisions et de produire en masse. Il veut, par la science, créer un autre monde artificiel et se couper de la nature. Ce serait dangereux, car cela manifeste les pires catastrophes dont nous sommes témoins actuellement. C’est ce qu’Annah Arendt illustre quand elle dit que l’homme a créé un nouveau dieu à travers la science.
L’homme moderne croit penser et être libre grâce à la rationalité. Il a cependant créé un État auquel il a délégué le pouvoir de décider en son nom, et qui est censé faire progresser la société par des plans politiques et économiques. Cependant, il déchante rapidement, car cet État lui impose des décisions externes et agit à l’opposé de ses attentes. Impuissant, comme le dit si bien Annah Arendt, il tombe dans les bras des entrepreneurs politiques que sont les populistes de tout genre, ce qui l’amène à voter ou à intégrer des mouvements extrémistes pour exprimer sa colère. Cela débouche, comme elle le dit si bien, sur les totalitarismes de tout genre, car la modernité a ceci de particulier qu’elle crée de la frustration chez les plus faibles, qui se rendent toujours compte de l’inégalité. Qui se jettent dans les bras des entrepreneurs politiques voyous. C’est d’ailleurs comme cela que Hitler est venu au pouvoir et nous connaissons la suite de l’histoire.
Il est vrai que la modernité a apporté un certain confort matériel. Cependant, elle remet en question cet avantage en encourageant l’appétit pour la quantité, qui mène inévitablement à l’effondrement à cause des limites de production. Ce qui est d’ailleurs de plus en plus visible avec la stagnation partout sur la planète sur le plan économique et la disparition de la classe moyenne, qui deviendra bientôt un lointain souvenir. Il est donc dangereux pour l’humain de s’agripper au modernisme. On me répondra sûrement encore un autre illuminé adepte du mode de vie naturaliste. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Il s’agit de l’être humain en tant que corps physique et corps invisible en constante évolution qui doit chercher son chemin intérieur, comme l’avait déjà proclamé Carl Jung. Mais comment me diriez-vous?
L’homme, un état spirituel qui se mérite
L’Homme, contrairement à ce qu’enseigne la pensée cartésienne, est, avant tout, un état de conscience qui se mérite. Est humain celui qui a réussi à maîtriser ses démons intérieurs et qui a accédé à la pensée créatrice par l’unique voie de la sagesse, qui est la vraie voix de l’intelligence. Ce qui distingue les êtres humains des animaux est la pensée créatrice, qui leur permet de s’exprimer et d’influencer leur monde environnant avec un élan artistique. C’est cette pensée créatrice qui permet de sortir de la matrice et de ne pas être esclave des effets de foule. C’est cette pensée créatrice qui permet à chacun de nous d’accomplir sa loi d’action en affirmant notre singularité en sortant de l’uniformisation. Selon les anciennes philosophies, l’être humain est un être solaire qui a réussi à faire un avec son être intérieur. Le but de la vie n’est pas de produire toujours plus ni de consommer toujours plus. En effet, la consommation excessive ne mène pas au bonheur, mais plutôt au plaisir, qui est éphémère. Il ne s’agit pas de consommer sans arrêt ni de produire sans cesse, mais de vivre de manière juste et qualitative. Et c’est en cela que la planète a besoin d’êtres humains responsables, qui ont cette notion de responsabilité par le travail d’alchimie qui permet d’atteindre le surhomme et d’agir de manière juste. Et non parce qu’ils y sont contraints par des lois. Il s’agit de percevoir l’être humain à travers le prisme de la sagesse et de comprendre que l’homme est avant tout un état qui se mérite et qui s’acquiert par un processus de travail intérieur qui peut être emprunté par divers chemins. Ce cheminement commence par la connaissance de notre parole perdue, afin que nous puissions guider nos pas dans ce monde. Chez les anciens Grecs, par exemple, il fallait passer par l’oracle de Delphes. Chez les anciens Chinois, c’était le Yi-King. Chez les anciens peuples d’Afrique, c’était Ifa. C’est l’oracle qui permet à chaque individu de savoir pourquoi il s’est réincarné dans ce monde et quels sont ses atouts et ses faiblesses pour accomplir sa mission terrestre afin de devenir un homme-dieu, qui est le vrai humain.
Ainsi, nous comprenons qu’il est idiot de déléguer sa tâche à autrui, qu’aucun politicien ne peut nous rendre service et que nous sommes les seuls responsables de notre destinée. Nous comprenons aussi par la voix du cœur que l’homme ne peut jamais gagner contre la nature et qu’il est un élément de la nature et que, pour une existence, apaiser l’homme doit comprendre les principes cosmiques en allant à la découverte de son microcosme.
D’ailleurs, la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue si on pouvait tous être uniformisés et modelés à travers des modèles mathématiques qui ne relèvent que de l’abstraction pure, car les chiffres, en eux-mêmes, sont avant tout des illusions. Rien n’est quantitatif, tout est qualitatif, car tout est différent et possède son propre cosmos.
Il est trop étroit de réduire l’humain à la rationalité, car il agit principalement par émotion. Les émotions, telles que la joie, la peur et la tristesse, sont avant tout de l’ordre de l’invisible et du subjectif. L’être humain est fondamentalement un être spirituel qui doit transcender la rationalité pour la dominer et l’utiliser à bon escient. Pour y parvenir, il doit maîtriser ses démons intérieurs en découvrant sa parole perdue, grâce à la révélation de la sagesse, qui est avant tout oraculaire. Nous proposons à cet effet une méthode permettant à chacun de se connaître à travers nos diverses consultations, car nous pensons que l’humanité doit dépasser le carcan de l’intellectualisme pour aller vers quelque chose de plus accompli, qui est la voix du dedans.
En conclusion, l’homo economicus, promu par le modernisme, ne pourra pas survivre dans cette ère marquée par la stagnation et la pénurie. L’homme du 21e siècle est le surhomme, c’est-à-dire celui qui vit une vie juste par l’atteinte de l’éveil spirituel. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrions dépasser les besoins primaires de consommation à tout va et produire une humanité consciente, qui sait que la vie est avant tout un cheminement intérieur. Il faudra donc faire de la spiritualité le fer de lance de notre époque, afin de produire des hommes éveillés, qui sont les véritables humains en possession totale de leur cosmos.
